Yves Jean-Bart, privé de son bien

Accusé d’abus sexuel sur mineur, Yves Jean-Bart, président de la fédération haïtienne de football, est suspendu de toute activité sportive pendant 90 jours. Les conséquences psycho-sociales sont à craindre. La justice haïtienne injuste aura son mot à dire.

Quoiqu’on en dise, Yves Jean-Bart est un mordu du football, il ne vit que pour et par le foot. Cependant, les nombreuses manipulations qu’il a faites pour s’éterniser à la tête de la FHF depuis 20 ans maintenant, dénote son attachement viscéral à cette institution. Cependant, les récentes accusations d’abus sexuel portées contre lui ont plombé sa grande carrière de dirigeant de football.

Des journalistes étrangers dont Romain Molina ont accusé le président de la fédération haïtienne de football d’abus sexuel sur mineur. Mais le principal concerné nie en bloc ces accusations et a porté plainte contre X au parquet de la Croix- des-Bouquets. . C’est la saga qui cristallise toute l’actualité sportive nationale. Rebondissemeynts. Mensonges. Vérités. Accusations. Cette enquête fait couler beaucoup d’encre. Yves Jean-Bart, ancien journaliste sportif, dont l’aisance à s’exprimer ne fait aucun doute, a fait le tour des médias en essayant de se défendre mais rien ne vaut l’enquête judiciaire pour établir la véracité des faits. En attendant, suites aux révélations du journal the guardian, la commission éthique de la FIFA suspend provisoirement Yves Jean-Bart pour une période de 90 jours (article 85 du code d’éthique de la FIFA) et est remplacé par Joseph Varieno Saint-Fleur. À ce sujet, le président de la fédération haïtienne de football, via son porte-parole, a réagi ainsi : ” Le président de la FHF rejette catégoriquement les accusations sans fondements à son encontre. Toutefois, il se conformera à la suspension provisoire …”.

Décriée. Dépendante. Partisane. La justice haïtienne injuste, écroulée par le passé dans d’autres dossiers importants, sous les poids des élites économique et politique, peut-elle donner le résultat escompté? La justice haïtienne se vend aux plus offrants et se laisse phagocytée, depuis des lustres, par les intouchables. Le capital politique, économique, social et culturel des criminels riches leur permet de bénéficier de la pratique de la déjudiciarisation des abus sexuels. Ostensiblement, les actes sexuels abusifs se sont métastasés et sont répandus presque partout dans le pays et s’installent tant dans les institutions publiques que privées. D’après les révélations de The Guardian, les joueuses sont, pour la plupart, les proies des prédateurs sexuels au Ranch de Croix-des-Bouquets et sont contraintes à ne pas en parler. Pourtant, les citoyens, les organismes des droits humains, l’IBERS et des médias serviles qui se rangent aux côtes de Jean-Bart, se réduisent au mutisme et la vie continue. Or, l’abus sexuel peut-être préjudiciable. Comme corollaire, l’abus sexuel est susceptible de causer à la victime de multiples séquelles, tant psychologiques que somatiques et fonctionnelles. Les victimes peuvent exprimer souvent un sentiment d’impuissance, une auto-exclusion du monde social, une peur d’une carrière de football ruinée. Ces conséquences sont présentes à court terme, mais peuvent également, c’est régulièrement le cas, impacter la vie de la victime sur le long terme et dans plusieurs aspects de sa vie.

Par ailleurs, cette enquête, pour le moins ennuyante, aux yeux de l’indévissable Jean-Bart, montre le visage le plus pâle du football haïtien. Pourtant, un fugace regard nous permet de comprendre que la sélection nationale féminine U-20 jouit d’une bonne presse dans l’international à la faveur des récents résultats encourageants. Eu égard aux performances, la sélection féminine U-20 est top 3 au niveau de la zone caribéenne, sans ambages. En un laps de temps, cette reconnaissance régionale peut s’effriter considérablement.

La justice haïtienne aura son mot à dire. Entre-temps, le dossier est transféré au cabinet d’instruction. Quoique l’enquête judiciaire est à sa phase embryonnaire, on attend qu’elle soit aboutie. À la mesure que les faits se révèlent vrais, Jean-Bart risque gros et peut aller même jusqu’à sa suspension définitive. Pour le moment, le président de la FHF est privé de son bien.

Obed DEUS

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