Tandis que le coronavirus bat son plein en Haïti, des cas d’agressions sexuelles se révèlent ; des personnages publics sont accusés.

Chez nous, il est toujours mal vu quand une jeune fille avoue avoir été violée ou agressée sexuellement ; cela est susceptible de lui faire perdre tout son statut social, ce qu’elle se construisait avec le temps.
Mais depuis quelque temps, en Haïti, les déclarations des jeunes filles se disant avoir été violées ou agressées s’enchaînent. Les agressions et les abus sexuels dont sont victimes ces jeunes filles se déclarent au grand jour. Des personnages notoires sont en train d’être mis à nu par des actes odieux qu’ils ont soi-disant eux-mêmes commis.
En mai dernier, le président de la fédération haïtienne de football, en l’occurrence Docteur Yves Jean-Bart a été accusé d’abus sexuels. Accusé d’agression sexuelle sur des joueuses mineures, il a été contraint de quitter son poste afin qu’une enquête soit ouverte en la circonstance. Suivi d’un grand tollé, la Fédération a avisé le public qu’elle sollicite du Réseau National des Droits Humains (RNDDH), la diligence d’une enquête sur les allégations de violences sexuelles portées contre le président.
Plusieurs médias en Haïti s’emparent de l’affaire et en font une affaire personnelle. Certains prétendent que l’ex-président de la fédération est victime d’un complot. Car, ils estiment que Jean-Bart a été réélu plusieurs fois à la tête de la Fédération, un poste qu’il occupe depuis 20 ans. Comment serait-ce possible qu’il ne serait pas détecté pendant tout ce temps ? Seraient-ils en train d’affirmer leur position dans ce dossier ?
Qu’en est-il du fait que les familles de différentes jeunes filles qui ont fait ces déclarations ont été menacées quelques semaines après, si Jean-Bart serait tant innocent ?
Étant donné qu’une enquête est ouverte par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) et certains groupements de droits humains, on espère tous que la justice triomphera.
D’un autre côté, selon une publication faite sur les réseaux sociaux par la comédienne Gaëlle Bien-Aimé de Ayibopost en date du 28 mai, le présentateur du show “Pi Lwen ke zye”, Junior Rigolo, aurait été son agresseur duquel elle parlait depuis des années à travers ses interviews. L’actrice s’estime maintenant être sur des roches sociales solides et qu’elle est assez murie et prête à avouer par qui elle a été agressée verbalement et psychologiquement. À rappeler que l’évènement s’est produit, il y a de cela six ans (6 ans), a-t-elle déclaré sur ses pages officielles. Notons que, Bien-Aimé, n’est pas la seule à capter l’attention des internautes en déclarant avoir subi des agressions sexuelles dudit animateur. D’autres jeunes femmes en ont saisi l’occasion et ont également publié des screenshot de conversations qu’elles ont eues avec Rigolo.
Quant à la comédienne (Gaëlle Bien-Aimé) depuis sa déclaration, elle est devenue la risée des réseaux sociaux. Accusée d’avoir mis trop de temps à dénoncer son agresseur, qu’elle est une aigrie de la position sociale et économique de l’animateur. Et qu’elle s’est sentie frustrée par la façon dont Rigolo l’a larguée. De toutes ces reproches, elle n’a pas de compte à rendre de la manière dont elle a géré sa déception et du temps qu’elle a mis à en parler.
Néanmoins, elle a été claire sur ces différentes pages, affirmant qu’elle est disposée à accompagner les autres femmes, qui sont elles aussi des victimes du vice caché de l’animateur qui souhaiteraient le traîner en justice. Pourquoi le ferait-elle si c’était de la propagande ?
Suites à ces déclarations, nous sommes face à des situations délicates qui ont des effets néfastes tant sur la société que sur les plaignantes.
Les réactions des accusés
Pour l’ex-président de la fédération, il a tout nié en bloc. Mais, Rigolo de son côté est encore coincé dans un silence ferme. Ce qui nous met tous en attente d’une déclaration de l’animateur. Serait-ce pour lui une manière de se défendre ? Ou devrait-on penser que son silence prouve déjà son innocence dans l’affaire ? Peu importe l’attitude de Rigolo, les organisations féministes ayant été touchées par ces actes révoltants, attendent que Gaëlle fasse ce qu’elle a promis, en accordant son soutien inconditionnel pour qu’enfin cette affaire puisse être tirée au clair.
Soyons clairs ! Il n’y aura rien à inventer. Si l’enquête prouve que l’ex-président de la fédération, Jean-Bart est effectivement fautif des faits qu’on lui reproche, que la justice triomphe ! Si, la comédienne Gaëlle Bien-Aimé et ses pairs décident de porter plaintes, et qu’une instruction en soit ouverte, on espère tous que l’affaire ne sera pas étouffée par les malices juridiques haïtiennes ; qu’elle ne passera pas comme une lettre à la poste et que ces femmes qui estiment avoir été blessées dans leur dignité, trouvent Justice.
Si par ironie du sort, selon l’instruction, il s’avère que c’était pure et simple diffamation, l’avenir dira le reste et la Justice en pareil cas dira son mot par un non-lieu.
Jessie Mitnive SAINT-PREUX
Juriste, Journaliste,
Militante en droits humains.