« Ciel, Vent, Étoiles et Poèmes », le cri d’une jeune âme pure

YUN Tong-ju, l’homme.

La vie n’octroie pas souvent à tous les mêmes opportunités. Cependant, chacun de nous a les mêmes pourcentages de chances pour pouvoir concrétiser son rêve. Ceci dit, votre culture, votre âge et votre foi importent peu dans le processus de votre réussite. Un célèbre romancier haïtien a écrit dans un passage que « ce n’est pas si tellement le temps qui fait l’âge, c’est les tribulations de l’existence… » De fait, le jeune écrivain YUN Tong-ju en est un témoignage vivant. « Ciel, Vent, Étoiles et Poèmes », c’est l’unique recueil de poésies publié après la mort du jeune auteur en 1948. Pour ses écrits on peut oser le coller carrément cinquante ans d’âge alors qu’il a perdu sa vie à seulement 28 ans !

Le jeune auteur est né le 30 décembre 1917 en Mandchourie en dehors du pays de sa mère, Corée, qu’il considère comme le sien. La terre coréenne est celle où sont encrées profondément ses racines. À cette époque, la puissance japonaise dominait sur son pays. Les Japonais occupaient totalement la Corée. Voilà pourquoi la langue maternelle du poète était interdite. Et pour avoir composé ses poésies en coréen, en 1945, il périt en prison pour « crime d’indépendantisme ». Les écrivains sont des missionnaires, des porteurs de lumières et d’énergies dans un monde qui, fort souvent, ne les comprend pas. YUN Tong-ju, très jeune, a accompli sa mission. Ainsi que le soleil, depuis le jour de son passage sur terre et jusqu’à nos jours, son écriture brille encore là où il fait nuit. Il a eu raison d’écrire que « jusqu’au jour de ma mort devant le Ciel, Que je n’aie le moindre soupçon de honte… »

L’auteur a sû ce que c’est d’être dépossédé, d’être hors de soi…

« Mon chaud pays natal… Maison natale après laquelle je languis », voilà comment le jeune écrivain écrit sa peine. Il souffre de la douleur de l’exil. Il y a certains qui considèrent le poète YUN Tong-ju comme étant le « Petit Prince » – de la littérature coréenne contemporaine –. Parce que non seulement il était en « quête de lui-même ». Il a perdu son identité. Mais aussi sa vie disparait comme un éclair dans le ciel ! Né dans un pays qui lui est étranger, il n’a pas caché son « envie de déployer mes ailes dans le ciel vers le nord ». Il était obsédé par l’idée de rentrer dans le pays qu’il considère comme sa terre d’origine. L’un des passages fort décrivant tristement son état d’âme est le suivant.

« Bien solitaire doit être l’état d’âme

De l’homme qui quitte sa couche

D’un bond, soudain en pleine nuit,

Et erre seul dans un désert infini ! » (Tristesse)

Il a chanté aussi la paix, la liberté, l’amour, l’espérance…

« Ciel, Vent, Étoiles et Poèmes » est l’un des livres les plus lu en Corée. La jeunesse coréenne en particulier a beaucoup d’admiration pour ce chef-d’œuvre. Ce n’est surtout pas pour autant le fait que son écriture soit très captivante. Il faut dire que les poèmes manquent de beauté. Mais, c’est parce que les textes sont profonds. Tout au long de l’œuvre de YUN Tong-ju il n’y a pas que la marque de la solitude. Il a souvent pris le soin de chanter l’amour. La paix et la liberté aussi occupent le centre de ses écrits. D’ailleurs il était un homme « Sensible, Au seul bruissement même du vent dans le feuillage ! » Quelle sensibilité ! Il était attentif a tout ce qu’il voit et même ce qu’il ne pouvait que sentir. « D’un cœur qui chante les étoiles », il a témoigné son amour pour tout ce qui l’entoure. Son attachement pour sa famille, sa Terre-Natale, la nature, etc. n’est que le fruit succulent de son profond amour.

En dépit de la vie perturbée qu’il a connu, sous sa plume, YUN Tong-ju s’était armé de courage pour semer un message de paix et de liberté. Il a toujours eu confiance en « un jour nouveau ». Un jour où il n’aura pas un nom japonisé, un nom qu’il n’aurait pas voulu avoir même dans un rêve. Un jour où il pourra vivre librement sa vie comme il l’a toujours souhaité. Il suffit de lire « la nuit où je compte les étoiles », l’un des poèmes inédits de YUN Tong-ju, pour mieux saisir la personnalité du poète. « A une étoile tel souvenir, A une étoile tel amour, A une étoile telle solitude, A une étoile telle aspiration, A une étoile tel poème, A une étoile ma mère, ma mère… »

MICHEL Rood Inley

mroodinley@gmail.com

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