Frankétienne, trésor vivant de la culture haïtienne, vend ses œuvres par nécessité économique

Frankétienne, trésor vivant de la culture haïtienne, se retrouve contraint de vendre ses œuvres en raison de difficultés financières. Cette situation préoccupante met en lumière les enjeux liés à la préservation du patrimoine culturel haïtien. Cet article examine les raisons de cette situation et soulève des interrogations quant au soutien que la société devrait apporter à ses artistes et à la protection de leur héritage.

Frankétienne, de son véritable nom Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d’Argent, incarne une figure multidisciplinaire en Haïti. En tant que poète, dramaturge, peintre, musicien, chanteur et enseignant, il a profondément marqué le paysage artistique d’Haïti. Né le 12 avril 1936 à Ravine Sèche, Frankétienne compte à son actif plus de quarante créations littéraires. Parmi elles, Dezafi a été particulièrement salué lors du quatrième Marathon du Livre à Petit-Goâve en 2017.

Frankétienne occupe une place essentielle dans l’évolution de la littérature haïtienne contemporaine. Les origines de sa naissance suscitent des récits : en 1936, sa mère aurait été victime d’un viol alors qu’elle était encore très jeune, perpétré par un Américain. Ainsi, l’enfant est venu au monde en tant que “chabin”, arborant une peau claire, des traits noirs et des yeux bleus.

En 1962, au début de l’ère Duvalier, Frankétienne a collaboré avec le groupe littéraire Haïti littéraire, qui a engendré de nombreux écrivains tels qu’Anthony Phelps, René Philoctète, Serge Legagneur et Roland Morisseau. Cependant, la situation politique est devenue rapidement insoutenable pour les intellectuels, les poussant à quitter en masse le pays, cherchant refuge au Canada, en France ou en Afrique.

Contrairement à cette tendance, Frankétienne a fait le choix de demeurer en Haïti afin de poursuivre son combat et son écriture. Chacune de ses œuvres s’enracine dans l’histoire contemporaine d’Haïti, témoignant de sa vision unique et de son engagement indéfectible envers son pays.

Malheureusement, Frankétienne se trouve aujourd’hui dans une situation financière précaire, comme il l’a récemment déclaré. Les raisons exactes de cette situation ne sont pas connues, mais il est clair qu’il a dû faire face à des difficultés économiques qui l’ont poussé à vendre ses livres et ses peintures. Pour beaucoup, il s’agit d’une perte tragique pour la culture haïtienne, car ces œuvres représentent un précieux héritage artistique et font partie intégrante de l’identité nationale.

La situation de Frankétienne soulève des questions plus larges sur la préservation du patrimoine culturel en Haïti. Les artistes jouent un rôle crucial dans la transmission des valeurs, de l’histoire et de la créativité d’un pays. Ils sont les gardiens de la mémoire collective et contribuent à forger une identité culturelle forte. Lorsqu’un artiste de la stature de Frankétienne est confronté à des difficultés économiques, cela met en évidence les vulnérabilités du système de soutien aux arts et à la culture.

Il est essentiel que la société haïtienne et les autorités culturelles reconnaissent l’importance des artistes et mettent en place des mesures de soutien adéquates pour les protéger. Les artistes méritent une rémunération équitable pour leur travail, ainsi qu’un accès à des conditions de vie décentes, afin de pouvoir continuer à créer sans compromettre leur bien-être économique. Les initiatives gouvernementales, les subventions, les fonds d’urgence et les programmes de mentorat peuvent jouer un rôle crucial dans le maintien de la vitalité artistique d’un pays.

La préservation du patrimoine culturel ne devrait pas reposer uniquement sur les épaules des artistes eux-mêmes. La société dans son ensemble a également une responsabilité collective envers la préservation de la culture et le soutien aux artistes. Les institutions culturelles, les musées, les bibliothèques et les établissements d’enseignement devraient jouer un rôle actif dans l’acquisition, la conservation et la promotion des œuvres d’art et des écrits de Frankétienne.

De plus, les amateurs d’art, les collectionneurs et les passionnés de littérature peuvent contribuer en soutenant financièrement les artistes et en acquérant leurs œuvres. L’achat des livres et des peintures de Frankétienne serait non seulement un acte de soutien, mais aussi un investissement dans le patrimoine culturel haïtien.

En conclusion, la situation financière précaire de Frankétienne, qui l’a amené à vendre ses livres et ses peintures, est une perte regrettable pour la culture haïtienne. Cela met en évidence la nécessité de soutenir les artistes et de préserver leur héritage culturel. Les autorités gouvernementales, les institutions culturelles et la société dans son ensemble doivent reconnaître l’importance des artistes et mettre en place des mesures pour assurer leur bien-être économique et la préservation de leur patrimoine. Frankétienne restera à jamais une figure emblématique de la culture haïtienne, et il est essentiel de veiller à ce que son héritage continue d’inspirer les générations futures.

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